L’apiculture : les bases pour se lancer
Tenté.e par l’élevage d’abeilles ? Cette activité fascinante existe depuis des millénaires, qu’elle prenne la forme de grandes exploitations ou qu’elle se limite à quelques ruches dans un jardin.
L’agent pollinisateur
L’abeille domestique est un pollinisateur de première importance : fleurs sauvages, arbres fruitiers, légumineuses fourragères, oléagineux, cultures maraichères, grainières,… Elle est indispensable pour la préservation de la biodiversité végétale (et par conséquent animale) et donc, de notre survie. C’est tellement vrai que les arboriculteurs invitent parfois les apiculteurs à venir installer leurs ruches dans les vergers. Ce déplacement s’appelle la transhumance.
C’est pourquoi il est indispensable de la protéger en limitant l’utilisation de produits insecticides et en préservant la diversité de la flore, en maintenant intact leur milieu : haies, bosquets, jardins…
Elle produit bien sûr du miel mais pas seulement : la gelée royale, le pollen, l’hydromel, la cire, la propolis et le venin font tous partie des produits issus de la ruche et sont commercialisables purs ou entrent dans la composition de nombreux aliments, de cosmétiques ou de médicaments.
1. Premiers pas : découvrir les abeilles domestiques
La reine
Par une belle journée de printemps, la reine, qui se distingue des ouvrières par sa grande taille, s’envole à proximité de sa colonie pour se faire féconder. Une fois son vol nuptial terminé, la ponte peut commencer et se chiffre à quelques milliers d’oeufs par jour. Elle ne s’occupe pas de sa progéniture, son rôle est d’assurer la reproduction de l’espèce. Quand la reine vieillissante n’est plus en mesure d’accomplir son rôle, les ouvrières préparent son remplacement. Elles aménagent des cellules royales pour recevoir de nouvelles reines. Quand la première de ces larves arrive à maturité, la vieille reine est supprimée par la colonie ou tolérée jusqu’au moment où la jeune reine est fécondée et se met à pondre.
L’ouvrière
21 jours après la ponte, l’ouvrière, prête à sortir, grignote l’opercule de l’alvéole dans laquelle elle a grandi et se mêle directement à la vie de la société de sa ruche. L’alvéole qu’elle vient de quitter est soigneusement nettoyée pour constituer le berceau d’une nouvelle abeille.
En été, la vie des ouvrières est brève et dure de 5 à 6 semaines. Durant ce laps de temps, elle prend en charge différentes tâches au sein de la colonie :
Nettoyeuse : 24h après sa naissance, l’abeille nettoie les alvéoles libérées par les éclosions.
Nourrice : Au 3ème jour, elle nourrit les larves avec une bouillie de miel et de pollen. Quelques jours plus tard, elle développe 2 glandes lui permettant de fabriquer de la gelée royale, distribuées aux larves et à la reine. Dès le 10ème jour, elles peuvent fabriquer de la cire.
Chargée des travaux intérieurs : À partir du 10ème jour, l’ouvrière peut endosser différents rôles : magasinière (mise en réserve du nectar et du pollen) / ventileuse (pour l’évaporation de l’eau contenue dans la nectar qui se transformera alors en miel à operculer) / nettoyeuse (rejet des corps étrangers de la ruche) / calfeutreuse (fermeture les fentes de la ruche avec le propolis) / battisseuse (édification des alvéoles)
Gardienne : Au 18ème jour de sa vie, l’ouvrière doit à nouveau se recycler ! Elle est alors chargée de défendre l’entrée de la ruche contre tous les ennemis : guêpes, abeilles pilleuses, papillons, petits rongeurs…
Rappeleuse : L’abeille bat des ailes à l’entrée de la ruche pour émettre l’odeur caractéristique de sa ruche et pour orienter les jeunes ouvrières.
Butineuse : Au 20ème jour de sa vie et jusqu’à sa mort, l’abeille récolte les provisions pour la survie de sa colonie. Elle visite les fleurs et y lèche le nectar avec sa langue, qui s’accumule dans une poche du tube digestif avant d’être régurgité dans les alvéoles prévues à cet effet. En plongeant dans les corolles, elle se couvre de pollen et comme les abeilles visitent en général les mêmes plantes, elle joue le rôle d’agent pollinisateur car elle met en contact les parties reproductrices mâles et femelles des fleurs. Elle aide ainsi, comme le vent et d’autres insectes, à la fécondation des fruits. Suivant ses besoins, elle récoltera aussi le pollen en le rassemblant en petit paquet sur ses pattes arrières. À son retour, elle confie sa récolte à une magasinière ou la dépose elle-même dans les alvéoles. Une fois remplies de miel, elles seront operculées. Ce miel peut alors être récolté par l’apiculteur ou laissé à la colonie comme provision. L’abeille indique la direction et la distance de la source de la récolte par des battements d’ailes et des danses à ses compagnes. L’odeur dont la récolte émet le parfum renseigne sur la fleur butinée.
Le mâle ou faux-bourdon
Il se forme à partir d’un oeuf non fécondé par la reine et met 24 jours avant de sortir de son alvéole. Les mâles sont beaucoup moins nombreux que les abeilles ouvrières au sein d’une colonie. Contrairement à elles, ils ne possèdent pas de dard ! Leur rôle est de maintenir une température idéale dans la ruche et de féconder les reines.
L’essaimage
L’essaimage, c’est la création d’une autre colonie : quand la population de la ruche atteint son développement maximal, les ouvrières s’activent et conçoivent des alvéoles royales. Quelques jours avant leur éclosion, la vieille reine quitte la colonie avec l’essaim pour construire un nouveau nid. La jeune reine se familiarisera avec sa suite et une fois fécondée, elle reprendra le contrôle de la colonie. Ce phénomène apparait généralement entre le mois de mai et le mois de juillet.
L’essaim s’installe généralement sur une branche en grappe inoffensive, tandis que les éclaireuses partent à la recherche d’un nouvel abri. C’est à ce moment là que l’apiculteur doit intervenir pour récolter l’essaim et lui donner un nouveau gîte, créant ainsi une nouvelle ruche. Autrement, l’essaim trouvera un nouveau nid dans la nature et deviendra sauvage. Pour l’apiculteur aujourd’hui, l’essaimage correspond à une perte de production et à une source de problèmes avec ses voisins. Pour éviter à tout prix l’essaimage, l’apiculteur doit inspecter régulièrement sa ruche afin de voir si la colonie a assez de place. Dans le cas contraire, il ajoute sans tarder une hausse vide au-dessus de la hausse inférieure. Il détruit également les cellules royales, empêchant la naissance d’une nouvelle reine. Il est toutefois impossible d’empêcher une colonie d’essaimer ! Tôt ou tard, la moitié des abeilles et une reine quittera la ruche.
Si vous tombez sur un essaim, pas de panique !
Observez ce phénomène fascinant à une distance de quelques mètres et contactez un apiculteur qui sera heureux de pouvoir reconstituer une ruche.
2. Les informations à connaître avant de se lancer
Un contact privilégié et surprenant avec la nature, le plaisir récolter et de consommer le miel de vos abeilles, la joie d'être parmi les abeilles, la connaissance de la flore mellifère, le bricolage du matériel,… Endosser la tenue d'apiculteur peut faire rêver mais cela ne se fait pas à la légère ! L'élevage des abeilles est assez complexe et, sans un effort de formation et une présence régulière au rucher, l’apiculture peut rapidement décourager…
Rien de vaut le contact direct avec les abeilles :
La découverte : Prenez rendez-vous avec un apiculteur pour une première initiation au rucher (avril-septembre).
Les cours : De nombreux ruchers écoles organisent des sessions de cours théoriques et pratiques le samedi ou le dimanche. Première année : initiation / Deuxième année : perfectionnement
Le compagnonnage : Apprenez le métier aux côtés d’un apiculteur en l’aidant dans son travail tout au long de la saison. Vous devrez alors disposer de votre matériel de base. Devenir membre d’un groupement local d’apiculteurs vous permet également de bénéficier de leur aide et de leur expérience.
Où se procurer les abeilles ?
Vous pouvez commander chez un éleveur de jeunes colonies prêtes à introduire dans vos nouvelles ruches. Certains éleveurs mettent en vente en mai-juin des abeilles sur 4 ou 5 cadres (modèles les plus fréquents) avec une jeune reine sélectionnée. C'est la solution la plus facile pour peupler vos nouvelles ruches. Il suffit de placer ces cadres au milieu des cadres neufs et, au fil des mois suivants, les abeilles occuperont progressivement l'ensemble de la ruche. La colonie sera alors à même de produire du miel dès l'année suivante. En apiculture, vous découvrirez rapidement que la reine a une importance énorme car elle va déterminer tous les caractères de la colonie (douceur, prolificité, productivité, tenue du cadre). Autrement vous pouvez récolter un essaim, mas vous n’allez probablement pas savoir d’où proviennent les abeilles.
Combien de ruches acheter ?
Comme pour beaucoup d'activités, il vaut mieux démarrer petit, quitte à s'agrandir par la suite. Une ruche, c'est cependant trop peu car, en cas de problème, il est plus difficile d'y remédier. De plus, avec une seule ruche, on ne dispose d'aucun point de comparaison pour vérifier si tout se passe normalement. L'idéal est de commencer avec deux ou trois ruches peuplées, qui produiront une quinzaine de kilos de miel par ruche et par an. Pour mettre toutes les chances de votre côté, il vaut mieux acheter des ruches divisibles neuves de dimensions standard.
Quel matériel acheter ?
Pour se protéger : un voile noir, des gants souples avec manchettes, un vêtement de teinte claire tissé serré.
Pour visiter la ruche : une brosse à abeilles enfumoir dont la fumée calme les abeilles, un lève-cadres.
Quand commencer ?
La période idéale pour peupler une colonie se situe au printemps, la jeune colonie bénéficiant ainsi de temps pour se développer avant l'hiver.
Où installer ses ruches ?
La présence de fleurs riches en pollen et en nectar est la condition sine qua non pour l’établissement d’un rucher! Cette flore doit être abondante dans un rayon de 2km. Tenez également compte des autres ruchers afin de limiter la surpopulation (et les problèmes de voisinage…)
Choisissez un endroit assez retiré, exposé Est, Sud-Est et abrité des vents dominants. La présence d’un point d’eau pure bien ensoleillé est idéal. S’il n’existe pas d’abris naturels, créez-le à l’aide d’une haie vive à base de saules marsault, de symphorine, noisetiers… Les ruches doivent être situées à au moins 20 mètres des maisons voisines et des voies publiques (à 10 m s’il existe un écran de 2 m de haut).
Les adresses utiles :
Documentation, liste des formations : CARI Asbl & la Société Royale d'Apiculture de Bruxelles et ses Environs
Réseau d’entre-aide : Bruxelles m’abeille (groupe Facebook)
Que faire avec ses ruches, saison par saison (Montréal) : Alvéole
Livre PDF “L'apiculture mois par mois - Toutes les informations et les gestes utiles pour conduire son rucher de janvier à décembre”