Le compostage au jardin… Pour boucler le cycle !

C'est la saison des feuilles mortes, profitez-en pour refaire votre stock de matières sèches !

Et oui, parce qu’un compost nécessite un équilibre entre matière azotée (verte et molle) et carbonée (sèche et fibreuse/ dure). C’est tout un art ! Mais c’est aussi la meilleure façon de valoriser nos déchets pour obtenir un engrais naturel : 50% du contenu des poubelles sont des déchets organiques.

Dans la nature, la notion de déchet n’existe pas puisque tout ce qui meurt contribue à donner la vie à d’autres générations de champignons, d’animaux ou de plantes. Le compostage est une dégradation biologique de la matière organique en présence d’oxygène et d’eau. En résulte un produit ressemblant à du terreau, stable, riche en éléments nutritifs et en humus à l’odeur de sous-bois. Les nutriments contenus dans le compost mûr se libèrent au cours des deux années suivant l’apport. À court terme, c’est un véritable amendement naturel du sol dont il vient corriger les défauts.

En tant que Maîtresse Composteuse, je vous invite grandement à vous lancer ! Les avantages du compost sont nombreux :

Fertilisation des plantes, enrichissement du sol en humus stable et amélioration de sa structure, aération, rétention d’eau, développement de la vie microbienne, équilibrage du pH, valorisation des matières organiques issues du jardin et de la cuisine,…

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Imitons la nature,
bouclons les cycles !

Au terrain, nous disposons d’une vermicompostière pour notre déchets de cuisine (oui, nous avons tout installé pour qu’on se sente comme à la maison !) et d’un compost spécial “déchets verts”. Nous pratiquons quotidiennement le compostage de surface et utiliserons le percolat dilué issu de la vermi pour amender une partie de nos parcelles !

 

Comment le(s) faire ?

Au pluriel oui, car il existe trois approches principales !

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Le compostage en place (sans composteur)

Il s’agit de composter en surface, tout au long de l’année en déposant des déchets végétaux directement sur le sol de son potager :

  • Après une culture : quand la récolte d’un légume est terminée (haricots verts par exemple), au lieu d’arracher les tiges et de s’en débarrasser, coupez-les au ras du sol et dispersez-les sur place, après les avoir divisées si besoin en morceaux plus petits.

  • À chaque fois que vous cueillez un légume (un poireau, des radis) : vous pouvez au même moment enlever les parties abîmées (les pointes vertes du poireau, les fanes des radis) et les remettre sur le sol.

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Le compostage à froid

Les matières sont apportées au fur et à mesure de leur disponibilité et en plus petites quantités, ce qui ne permet pas une montée significative en température. Le retournement du tas est également conseillé.

Il faudra patienter une année pour obtenir un compost mûr.

Idéalement il faudrait avoir 2 bacs minimum pour ceux qui ont de la place : cela permet d’avoir un tas prêt à l’emploi et un autre en cours de décomposition. Vous pouvez utiliser des palettes positionnées verticalement en forme de double-U. Laissez-les en contact direct avec la terre pour favoriser la circulation des organismes entre le sol et les matières en décomposition. Positionnez-le ensuite dans votre jardin, à l’abri du vent et à l’ombre.

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Le compostage à chaud

Souvent considéré comme la meilleure approche, il permet d’obtenir un compost mûr plus rapidement et la chaleur dégagée au cours du processus détruit les germes pathogènes et les graines d’adventices. Elle engendre toutefois une perte de nutriments plus importante comparé au compostage à froid. Il sera également mieux adapté à une exploitation maraichère.

Le compostage à chaud sera difficilement réalisable dans un petit jardin car il nécessite un apport important de matière organique en une fois (1m3 minimum), en alternant les lits de matière carbonée (sèche type feuilles, branchage, paille, foin etc…) et des lits de matière azotée (fraîche, verte, molle comme les déchets issus d’une cuisine, de la tonte etc). Le tas est monté à même le sol, de préférence à l’ombre. Si les matériaux sont secs, vous devrez arroser de manière à ce que l’ensemble du tas bénéficie d’une bonne humidité à coeur. La montée en température sera rapide et survient en quelques jours. Si le tas ne chauffe pas, c’est qu’il est soit détrempé ou trop sec ou pas suffisant riche en matière azotée. Vous devrez alors le reconstruire…

Le compost doit être retourné une première fois suite à la première période de chauffe et une seconde fois un mois plus tard pour ré-oxygéner le tas. Il suffira de 4 à 6 mois pour atteindre un résultat satisfaisant. Utilisez le compost rapidement pour profiter de tous ses bénéfices !

Que pouvez-vous y mettre ?

Le compostage est un processus qui se déroule en aérobie. L’eau est l’oxygène sont indispensables aux macro-organismes et micro-organismes qui assurent le processus de décomposition et de recomposition des éléments de la matière organique.

Les matières azotées contiennent des nutriments facilement accessibles et assimilables par les micro-organismes du sol. Ce sont des éléments qui vont initier un développement microbien rapide et permettre la montée en chauffe. N’hésitez donc pas à intégrer ces “activateurs de compost” à votre mélange : la consoude, l’ortie, la fausse camomille, le sureau… Ensuite, vous pourrez y mettre :

> Les déchets de cuisine et autres épluchures de légumes ;
> Les restes des cultures potagères : attention aux gros déchets comme les trognons de choux qui seront à broyer en amont. Attention aussi aux tubercules frais de pommes de terre et de topinambours qui profiteront de la fraicheur du tas pour redémarrer. Laissez-les sécher au soleil avant de les ajouter à votre compost ;
> Les tailles de haies (à broyer également) ;
> Les déchets de tonte à condition de ne pas faire d’énormes tas : étalez-les en couches sur 10cm de hauteur ;
> Les cartons et papiers à condition qu’ils ne soient ni blanchis, ni glacés, ni colorés aux encres chimiques ;
> La cendre de bois ;
> Le foin, la paille, les mauvaises herbes ;
> La sciure de bois : proscrivez les sciures issues de bois contreplaqués ou agglomérés qui contiennent de la colle, tout comme les sciures de résineux en grosses quantités qui vont avoir tendance à acidifier votre compost.

Interdiction d’y mettre : les mégots de cigarettes, le charbon de barbecue, la poussière d’aspirateur, tous les matériaux non biodégradables, les excréments et litières d’animaux domestiques, les graines et les noyaux qui germeront par la suite dans le jardin ! Les déchets carnés, le poisson ou les laitages ne sont pas déconseillés mais sachez qu’ils attirent les indésirables comme les rats.

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Entretenir votre compost

Essayez de retourner votre tas au moins deux fois dans la saison. Un compost est beau et ne sent pas s’il est diversifié, comme votre potager ! Néanmoins, plusieurs cas de figure peuvent se présenter à long terme :

> Une trop grosse humidité ou une forte sécheresse : faites le test de la poignée pour vérifier l’humidité de votre compost en prenant une poignée et la pressant. Si quelques gouttes perlent entre vos doigts et que le matériau ne se disperse pas quand vous ouvrez la main, le compost a une bonne humidité.

Si un filet d’eau s’en échappe, il est trop mouillé. Généralement cet excès d’humidité dégage aussi une mauvaise odeur (type œuf pourri). Favorisez alors l’apport de matières sèches et laissez le couvercle ouvert par beau temps.

Si rien ne coule et que le paquet se défait, il est trop sec. Arrosez-le.

> La décomposition des déchets n’est pas homogène : les matières introduites sont trop grossières. Veillez à broyer et fragmenter ces matières afin de faciliter l’action des micro-organismes

> Des insectes volent à proximité de vos tas ? Ils traduisent la présence de fruits gâtés ou de matières non recommandées. Recouvrez la surface du compost avec un mélange de feuilles, de sciure et de terre.

> Le temps de décomposition est long : il se peut qu’il y ait une absence de micro-organismes et d’insectes. Commencez par aérer, mélanger, broyer. Faites le test de la poignée pour vérifier l’humidité de votre compost. Si cela n’évolue pas favorablement, vous pouvez ajouter du purin d’ortie, de l’eau sucrée ou du fumier.

> Vous sentez une odeur d’ammoniaque : c’est signe d’un excès de matières azotées (comme les tontes de pelouses). Ajoutez des matières riches en carbone telles que la sciure, les copeaux de bois, la paille et les feuilles sèches.

Un compost mûr dégagera une odeur de sous-bois, son aspect sera grumeleux. Utilisez-le pur à l’automne ou au début du printemps comme paillage au pied des vivaces et des légumes.


Source :
https://potagerdurable.com/compostage-en-surface/
Brochure “
Le compostage au jardin” - ICDI
Livre “Vivre avec la terre : Tome I” - Perrine et Charles Hervé-Gruyer

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